Les couverts végétaux en interculture peuvent remplir divers objectifs. Il doivent respecter les obligations réglementaires, améliorer le potentiel agronomique ou valoriser une interculture en tant que production. Parfois, plusieurs de ces objectifs peuvent être remplis en même temps. Mais comment choisir les couverts les plus pertinents parmi toutes les espèces existantes ?

Respecter la réglementation en vigueur concernant les couverts d'interculture

Si l'objectif principal est de respecter la réglementation, il convient de bien s'informer sur les règles en vigueur (couverture du sol, pollution aux nitrates,...). Ce paragraphe résume les cas de figure de façon générale, sans prétendre remplacer les règles locales. Etes-vous situé en zone sensible, ou soumis à une réglementation spécifique au niveau de la politique agricole en place dans votre région ? Parfois, l'implantation d'une culture intermédiaire ne s'applique qu'en zone sensible. D'autres fois, les politiques agricoles en vigueur recommandent ou obligent à semer des couverts, même en zones non sensibles. Existe-t-il des espèces règlementaires à implanter ? Lesquelles sont proscrites ? Les légumineuses sont parfois interdites en semis pur par exemple. Elles sont moins intéressantes pour capter le nitrate dans les sols. Certaines réglementations les conseillent plutôt en mélange ou les interdisent.

L'impossibilité d'un couvert semé sur maïs : que faire ? 

Les dates de récoltes sont parfois trop tardives, ou la période d'interculture trop courte pour un développement intéressant de la biomasse du couvert. Si une couverture doit être réalisée, il existe des alternatives au semis de cultures intermédiaires dans certaines régions, notamment pour le maïs. Le couvert semé n'est alors pas obligatoire. D'autres règles entrent en jeu, comme le mulchage. La couverture est constituée du broyat de cannes de maïs enfouies par un labour ou un déchaumage, juste après la récolte.

Couvert végétal mais pailleuse

Un choix des couverts en fonction des familles botaniques de la rotation culturale

Tenir compte des cultures précédentes et cultures suivantes

Le bon sens agronomique veut que les couverts soient choisis pour s'intégrer de façon pertinente dans la rotation culturale. Celle-ci a la vocation d'alterner les différentes espèces botaniques, de même que les systèmes racinaires des végétaux choisis. C'est important pour lutter contre les ravageurs et les adventices, en coupant le cycle de leur développement. Dans les espèces communément choisies comme cultures intermédiaires, on peut retrouver des graminées, des crucifères, des légumineuses ou des hydrophyllacées. 

Des exemples de cultures intermédiaires avant ou après maïs et blé 

Culture légumineuse blé interculture

A titre d'exemple, si la culture suivante est :

  • Un blé, il faut éviter les couverts de graminées tels que l'avoine, le seigle, les repousses de céréales ou le moha. Dans les cas à risques de piétin échaudage, il vaut mieux éviter également la moutarde, le radis ou le colza. Le pois ou la féverole, qui sont des légumineuses sont tout à fait indiquées avec un effet bénéfique sur le rendement.
Couvert végétal phacélie
  • Un maïs, il ne faut pas semer de sarrasin (risque de sclérotinia) ou de ray gras d'Italie (risque de salissement des parcelles). Les repousses de ce dernier risquent d'être difficiles à contrôler par un désherbant, car il s'agit de la même famille d'espèce. De plus, le risque d'assèchement du sol est plus important si le ray gras d'Italie (RGI) est récolté tardivement. Par contre, le RGI a un effet positif sur la fertilisation. Attention aussi aux crucifères : il vaut mieux les détruire assez tôt, sinon elles risquent d'entraîner des effets négatifs sur le maïs. Les légumineuses sont par contre tout à fait favorables à la culture du maïs, avec par exemple la féverole ou le  pois. Sinon, vous pouvez implanter sans problème de la phacélie, du lin, du tournesol ou du nyger, voire du seigle, de l'avoine, du moha ou du sorgho.

Choisir les espèces adaptées en fonction de leur date de semis

Les périodes de semis des couverts doivent être choisis le plus tôt possible après la récolte de la culture précédente. L'objectif est de leur laisser le temps de se développer pour produire toute la biomasse possible. Ce n'est qu'à cette condition qu'ils pourront vraiment apporter tous les avantages agronomiques recherchés (pièges à nitrate, apport de matière organique, effets sur la structure du sol ou relargage de l'azote lors de la destruction,...).

Le semis post moisson, avant le 15 août, est possible pour la majorité des espèces de couverts (avoine, moha, ray gras, colza, radis, légumineuses,...). Certains couverts doivent être implantés nécessairement à ce moment-là, comme le moha, le nyger ou le sarrasin. C'est aussi souvent le cas pour certaines vesces, trèfles et la lentille, et dans une moindre mesure, le tournesol ou la gesse. Il existe tout de même un risque de stress hydrique et thermique pour ces végétaux, fonction des conditions pédoclimatiques de la zone en fin d'été. Les moutardes blanches et le lin préfèrent une implantation plus tardive, mi-août à début septembre. Si elle a lieu à une date ultérieure, il vaut mieux privilégier l'avoine, le ray gras d'Italie (RGI), le seigle ou la navette fourragère, mais sans garantie sur un développement correct, vu la limitation des sommes de températures disponibles en entrée d'hiver. 

Les questions à se poser pour choisir son couvert végétal

Vous pouvez vous aider d'une grille d'aide à la décision, en tenant en compte des éléments cités plus haut.

Demandez-vous d'abord si le couvert doit servir à des fins alimentaires, pour votre troupeau. Si la réponse est oui, quand avez-vous besoin de ce fourrage ? Si c'est pour le début de l'hiver, et dans le cas d'un pâturage, optez plutôt pour le chou ou le colza fourrager, voire le RGI. Dans le cas d'une fauche, optez pour l'avoine diploïde, le seigle ou le triticale + vesce, ainsi que le RGI.

S'il est nécessaire au printemps suivant, vous pouvez faucher ou ensiler plus facilement des mélanges type avoine, triticale ou seigle + protéagineux, voire trèfle incarnat. Le mélange RGI + trèfle incarnat donne aussi de bons résultats, avec peu d'apports d'effluents.
Lorsque vous ne détenez pas d'élevage, ou que vous ne faites pas de vente de fourrage, partez plutôt sur une réflexion prenant en compte la culture suivante. Si vous avez pour objectif de semer une céréale d'hiver, optez pour de la moutarde, de la phacélie, du sarrasin,...Si vous souhaitez semer un maïs, des crucifères, des graminées ou une phacélie iront très bien. Dans le cas d'un tournesol, optez pour la phacélie, le sarrasin, l'avoine ou le seigle. Si vous implantez une betterave, une phacélie ou un sarrasin seront aussi pertinents. Ces exemples ne sont exhaustifs. De nombreuses aides à la composition des couverts sont disponibles auprès de différents organismes locaux et nationaux.

Le mode de semis ainsi que le mode de destruction (broyage, travail du sol, désherbage,...) avant la culture suivante peuvent aussi être un critère de décision important pour le choix de certaines espèces. Ces sujets complexes sont traités dans d'autres articles.

Sources : 

https://www.arvalis.fr/infos-techniques/quelques-elements-cles-pour-reussir-son-couvert

https://pays-de-la-loire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Pays_de_la_Loire/2014/2014_cultures_intermediaires_interculture_longue.pdf