Tout savoir sur la période d'interculture et les couverts végétaux associés

L'interculture est la période de temps entre la moisson d'une culture et le semis d'une autre culture sur la même parcelle. Elle est plus ou moins longue, et fonction des cultures implantées. Généralement, une couverture du sol est préconisée. Elle prend souvent la forme de couverts végétaux, dits intermédiaires. Les raisons de ce choix sont diverses. Parfois, elles sont réglementaires, mais il existe aussi beaucoup d'avantages agronomiques pour la culture suivante. C'est pourquoi cette période est considérée aujourd'hui comme une étape essentielle dans la rotation culturale. Focus sur ce temps entre deux cultures de vente dans une rotation.

L'interculture longue

C'est la période entre la récolte d'une culture d'hiver, généralement avant septembre, et le semis d'une culture de printemps, l'année d'après. La période s'étend sur quelques mois. Elle comprend les périodes automnales et hivernales, qui sont plus propices à certains événements climatiques qui favorisent les risques de pollution des eaux par les nitrates. Ces périodes peuvent aussi être avantageuses pour la destruction naturelle des couverts végétaux. Un broyage, une action mécanique ou chimique n'est pas toujours exigée. Le gel peut suffire, comme par exemple, pour détruire la phacélie.

Exemple d'interculture longue

La culture de maïs plusieurs années de suite a pour conséquence une interculture longue. Les surfaces sont non cultivées entre les mois de novembre et mars de l'année suivante, a minima. Dans certaines régions, la récolte peut être très tardive en fin d'année. Les conditions de semis n'étant pas remplies (humidité, portance,...), l'implantation d'une culture intermédiaire est impossible, alors que les risques de lixiviation de l'azote existent. La législation peut alors recommander une couverture, sous la forme d'un paillis. Il est réalisé par le broyage fin des tiges de maïs grain, sorgho ou tournesol, suivi de l'enfouissement des résidus dans les jours qui suivent la récolte.

Dans le contexte d'une interculture prolongée, telle que blé-maïs, une couverture est tout à fait envisageable avec la diversité de cultures intermédiaires disponibles après les céréales d'hiver. D'autres exemples d'intercultures longues existent également plus ponctuellement dans nos régions : 

  • Blé-lin, avec la récolte du blé en août et le semis du lin à partir de mars. 
  • Soja-maïs, avec la récolte du soja en septembre, suivie du semis du maïs en mars/avril. 
  • Blé-pomme de terre avec la récolte du blé en août et la plantation des pommes de terre en mars/avril.
The hydraulic rear hood-opening system provides perfect crumbling and soil /residue mix

L'interculture courte

C'est la période située entre la récolte d'une culture principale d'hiver et l'implantation d'une autre culture d'hiver. La période peut s'étendre de quelques jours à quelques semaines seulement, au contraire des intercultures longues, qui durent des mois. Le risque de faible développement du couvert est important. Il est parfois accentué par la nécessité de détruire le couvert 1 à 2 mois avant l'implantation de la culture suivante, en raison des rémanences d'herbicides ou de biofumigation (exemple des crucifères). La période automnale, la plus propice aux risques de pollution par lixiviation des nitrates n'est donc pas vraiment incluse dans l'interculture courte. Pour autant, choisir de semer un couvert peut être bénéfique pour la culture suivante et parfois réglementaire. La plupart des périodes d'intercultures courtes sont pratiquées entre deux céréales d'hiver.

Exemple d'interculture courte

Un exemple typique peut être colza-blé. Le colza est récolté entre juin et août et le blé semé en septembre - octobre. Cette période dure 3 mois, pendant lesquels des couverts peuvent être implantés. Ce qui se fait assez facilement dans une rotation incluant le colza et le blé est de laisser germer les graines de colza tombées au sol. Le couvert est constitué des repousses de colza. 

Culture intermédiaire

En blé sur blé, la période d'interculture est de 2 à 3 mois également. Le semis d'un couvert pendant cette période peut être bénéfique sur les rendements de blé. Des essais ont montré qu'une couverture des sols constituée de légumineuses peut notamment apporter jusqu'à 6% en gain de rendement contre 3% en crucifère et presque rien en graminées. Il faut néanmoins que le couvert soit semé le plus tôt possible après la moisson. Il existe également un très faible effet de protection vis à vis du piétin échaudage lorsque des crucifères sont installées entre deux blés à risque.

La réglementation et l'agronomie poussent à l'implantation d'un couvert végétal en interculture

Les objectifs des couverts peuvent être multiples : 

  • La réglementation prévoit dans certaines régions une obligation de CIPAN (Culture intermédiaire Piège à Nitrates) pour éviter les pollutions dues à la lixiviation des éléments nutritifs azotés en automne. Des programmes environnementaux, comme la directive nitrates en Europe, prévoit des conditions strictes sur les périodes de semis et de destruction, mais aussi parfois d'espèces à implanter, dans des zones dites vulnérables ou plus sensibles à la pollution.
  • L'implantation de couverts est aussi une très bonne solution pour éviter l'érosion du sol. Les racines retiennent les éléments lors d'épisodes pluvieux.
  • L'objectif peut aussi être agronomique. L'ajout et la destruction du couvert végétal peut permettre d'apporter des éléments organiques intéressants au sol, pour la formation d'humus, la structure du sol et sa composition, mais aussi pour nourrir la faune et favoriser la vie du sol dans son ensemble.
  • L'introduction de légumineuses, seules ou en mélange, peut permettre la captation de l'azote de l'air et son relargage. L'objectif est la diminution de l'épandage de fertilisants minéraux azotés.
  • Certains couverts apportent également une contribution dans la meilleure gestion des ennemis des cultures et des bioagresseurs. L'ajout d'un couvert végétal qui n'appartient pas à la famille des cultures de vente de la rotation culturale peut casser le cycle des ravageurs ou des mauvaises herbes. Certaines espèces produisent même des substances toxiques qui contribuent à protéger la culture suivante. Par exemple, les crucifères produisent des glucosinates. Elles peuvent alors permettre une diminution des applications phytosanitaires.
Schéma rotation culturale

Gérer la période d'interculture au niveau de la charge de travail ?

Elle est souvent difficile à gérer au niveau de la charge de travail. Les chantiers de récolte viennent d'être terminés sur les chapeaux de roues, qu'il est déjà temps de passer aux étapes suivantes en termes d'itinéraire technique. Suivent les étapes de semis de l'interculture. En fonction des espèces, du type de mélange, et surtout des graines, de leurs tailles et de leurs besoins, il est nécessaire de passer par différentes méthodes de semis. Elles peuvent passer par des techniques différentes, allant du semis à la volée lors d'un déchaumage, jusqu'à une implantation plus rigoureuse par un semoir de TCS, ou même un combiné de semis.

Si les fenêtres météo sont plutôt intéressantes en été, il n'en va pas de même lorsque l'automne arrive, avec des implantations tardives. Peu après le semis des couverts végétaux, le temps de semer la culture suivante dans la rotation vient rapidement. Il faut prendre en compte le temps et les charges de destruction mécaniques (broyage, déchaumage, labour,...) ou chimique du couvert végétal. Pour la destruction chimique, qui n'est pas toujours autorisée, il convient de se reporter à la réglementation locale. 

Le choix des couverts d'interculture : quelles espèces ?

Le choix est fait en fonction de la loi, du temps de végétation disponible, des objectifs du couvert et de la famille botanique. De manière générale, plus le semis est réalisé tôt et plus la biomasse est importante, plus les bénéfices peuvent être intéressants. C'est notamment le cas pour l'effet CIPAN, mais aussi le relargage de l'azote après destruction.

La famille botanique qui compose le couvert végétal est essentielle. Elle rejoint peu ou prou les familles d'espèces conseillées en culture piège à nitrates. La rotation permet de casser le cycle des agresseurs de la culture principale si l'espèce est choisie dans une famille botanique différente. Il existe ainsi des associations bénéfiques et d'autres néfastes. La date de semis est également un critère important à prendre en compte lors de l'implantation d'un couvert. Certaines espèces ne supportent pas certaines conditions climatiques. Si la récolte est tardive, il n'est plus possible de semer du moha ou du nyger par exemple. 

Source : 

  • https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Centre-Val-de-Loire/122_Inst-Centre-Val-de-Loire/Votre_Chambre/CA41/Site_41/Environnement/Directive_Nitrates/41_2017_06_interculture2.pdf
  • https://www.arvalis.fr/infos-techniques/un-couvert-dinterculture-profite-au-ble-tendre-qui-suit

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