Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Salvador. J’ai 59 ans et je suis dans l’entreprise Kuhn-Huard depuis 35 ans.

Rencontrez Salvador depuis son entrée chez Huard en avril 1989

Né au Portugal, j’arrive en France au début des années 70 avec mes parents et mes 5 frères et sœurs.
Comme dans beaucoup de familles nombreuses, mes 3 frères ainés ont commencé à travailler à l’âge de 16 ans. Et c’est à quoi je me destinais aussi si ce ne fut l’insistance de mes profs pour que, le «bon élève» que j’étais, poursuive des études. Me voilà donc inscrit au lycée technique de Creil (60) pour faire un BAC F1 (mécanique générale)
En «Seconde de détermination», différents ateliers  s’offraient à nous pour affiner nos choix d’avenir professionnel. C’est ainsi que j’ai découvert le métier de la forge. A l’époque, on travaillait encore avec des forges à charbon et à l’enclume en même temps que l’estampage sur marteau pilon. Liberté de création, travail manuel et mécanique de l’acier à chaud, ma voie était toute tracée.
En 1984, j’obtiens mon Brevet de technicien en forge et estampage et j’enchaine 2 ans plus tard avec le BTS du même nom.
Après 6 mois de travail en tant que préparateur de commandes dans un entrepôt frigorifique à coté de Paris, je fais mes premiers pas de forgeron aux Forges de Trie-Château dans l’Oise en tant que contrôleur qualité. Poste que je vais occuper pendant près de 2 ans.
Après 2 entretiens professionnels de technicien en forge : un à Châteaubriant et l’autre dans l’Est de la France, j’ai choisi la Loire Atlantique. C’est ainsi que j’arrive chez Huard début avril 1989.

Peux-tu nous décrire ton parcours dans l’entreprise ?

Le parc machines de la forge intégrée Huard devenant vieillissant avec ses marteaux pilons, la direction de l’époque investi dans l’achat de 2 presses à vis Weingarten (une de 1600 tonnes et une de 5300 tonnes) avec les capitaux apportés par la société Kuhn qui a racheté Huard 3 ans plus tôt.
C’est dans ce contexte que j’intègre l’atelier forge comme chef d’équipe. Ma mission consistera à encadrer une équipe de 25 personnes dans les métiers comme le débitage, la forge, le traitement thermique et le parachèvement et surtout l’accompagnement du transfert des fabrications d’estampage sur marteaux pilons vers l’estampage sur presses à vis.
J’ai évolué pendant 9 ans en tant qu’agent de maitrise en atelier puis j’ai eu l’opportunité d’entrer au Service Méthodes en 1998 en remplacement d’un départ à la retraite.
En tant que technicien méthodes, je m’occupe de la partie industrialisation. Je suis l’intermédiaire entre le bureau d’études et la Fabrication forges et traitement thermique. Mon rôle est d’étudier comment réaliser les pièces dessinées par le B.E., de faire les chiffrages et les gammes de fabrication. Bien sur toutes les pièces ne sont pas fabriquées en interne : ce qu’on ne sait pas faire est sous-traité.
Au service méthodes forges, je travaille en équipe avec 2 collègues. L’un spécialiste en dessin surfacique des outillages de forge et programmation en usinage UGV et l’autre aussi dessinateur et spécialisé en programmation de robots de manutention. Il faut dire qu’aux forges, on est passé de 2 robots de manutention en 1989 à 15 robots en 2024.
Ces 3 dernières années, nous avons eu une explosion de nouvelles études de pièces forgées : des pièces pour la charrue mais surtout pour les APS (appareils de préparation du sol). Ceci est lié au développement de nos machines et à l’envie et la nécessité de fabriquer nos pièces en interne. Tout cela est de bon augure avec l’arrivée de la nouvelle presse d’estampage de 6400 tonnes en remplacement de la 5300 tonnes.

Qu’apprécies-tu particulièrement dans ton job ?

La diversité des tâches, ça change tous les jours, aussi bien en administratif qu’en atelier.
Je suis en contact avec énormément de personnes : ça va du Bureau d’études, les Achats, la Gestion de production, le Contrôle, les ateliers de production, l’Outillage, les Protos, le Montage, la Maintenance…
Mon job, c’est environ 50% de bureau et 50% de terrain. C’est très important pour moi de rester au contact de la production pour le suivi des outillages et d’être un support technique pour l’atelier.

Selon toi, quelle est la clé pour rester aussi longtemps dans une entreprise ?

Il faut aimer ce qu’on fait, c’est le principal. Je suis conscient d’être tombé dans une bonne boite où on respecte les personnes. Je n’ai pas vu le temps passer, j’ai l’impression d’être rentré hier. J’avais 24 ans et j’ai toujours le sentiment que le temps s’est figé.
On passe énormément de temps avec ses collègues, parfois plus qu’avec notre famille. C’est donc important de se sentir bien au travail. J’ai du mal à imaginer qu’un jour il faudra quitter l’entreprise. Une carrière ça passe très vite !